Le joueur d'échecs - Stefan Zweig
Mirko Czentovic, champion du monde d'échecs, est invité à livrer une partie contre le narrateur et ses amis. Evidemment, le champion remporte la première partie, il est en voie de gagner la seconde, mais un inconnu, surgi d'on ne sait où, se met à conseiller les amateurs dans leur jeu, si bien qu'au lieu d'être battus à plate couture, ils parviennent à une partie nulle. Czentovic propose alors une troisième partie contre l'inconnu. Celui-ci refuse d'abord puis finit par accepter après avoir raconté au narrateur l'origine de son talent pour les échecs.
Les premières lignes :
Sur le grand paquebot qui à minuit devait quitter New Yorl à destination de Buenos-Aires, regnait le va-et-vient habituel du dernier moment. Les passagers embarquaient, escortés d'une foule d'amis ; des porteurs de télégrammes, la casquette sur l'oreille, jetaient des noms à travers les salons ; on amenait des malles et des fleurs, des enfants curieux couraient du haut en bas du navire, pendant que l'orchestre accompagnait imperturbablement ce grand spectacle, sur le pont. Un peu à l'écart du mouvement, je m'entretenais avec un ami, sur le pont-promenade, lorsque deux ou trois éclairs jaillirent tout près de nous - apparemment, un personnage de marque que les reporters interviewaient et photographiaient encore, juste avant le départ. Mon compagnon regarda dans cette direction et sourit : "Vous avez à bord un oiseau rare : Czentovic." Et comme je n'avais pas vraiment l'air de comprendre ce qu'il voulait dire, il ajouta en guise d'explication : "Mirko Czentovic, le champion mondial des échecs. Il a traversé les Etats-Unis d'est en ouest, sortant vainqueur de tous les tournois, et maintenant, il s'en va cueillir de nouveaux lauriers en Argentine."
Il s'agit d'un roman prenant, haletant, le début est plutôt calme, mais dès que l'inconnu raconte son histoire, le rythme va crescendo à l'image de ce qui se déroule dans son esprit (je ne veux pas en dire plus). Je ne pouvais plus quitter ce livre, comme prise, moi aussi, d'une certaine folie. On s'identifie petit à petit à l'inconnu jusqu'à la dernière page. Si vous n'avez pas encore lu Le joueur d'Echec, courez vite vous le procurer, vous passerez un excellent moment.